Tiré de sa thèse soutenue à l’EHESS sous la direction d’Étienne Anheim et Pierre-Olivier Dittmar en 2021, le livre de Nicolas Sarzeaud, Les Suaires du Christ en Occident, qui traite de la période du Moyen Âge à nos jours, a été édité par Guy Stavridès aux éditions du Cerf en mai 2024. Aujourd’hui chercheur associé au Centre de recherches historiques (CRH), l’auteur propose une étude des différents tissus porteurs d’une image d’homme crucifié, qui ont été considérés à partir du haut Moyen Âge comme le suaire par les chrétiens, soit le linceul ayant servi à envelopper le corps de Jésus Christ au moment de sa mort telle que racontée dans la Passion du nouveau testament biblique. Ces images textiles sont porteuses de promotions par des personnalités religieuses et investies de croyances autour de leur capacité miraculeuse, apotropaïque et rédemptrice ; elles ont aussi des répercussions au niveau politique, social et culturel pour l’Occident chrétien.
L’ouvrage est organisé en trois parti...
Adapté de son HDR en sciences de l’information et de la communication, l’ouvrage d’Aurélie Laborde explore les violences numériques ainsi que la résistance des individus et des collectifs dans le cadre du travail, considérées comme l'une des facettes sombres, invisibles, cachées, discrètes et peu étudiées des organisations. Son approche appelle à prendre en compte la dimension politique de la communication organisationnelle et propose une démarche de recherche-action collaborative permettant d’éclairer les pratiques professionnelles inciviles et violentes produites dans les organisations, prolongées dans les dispositifs numériques et invisibilisées par le management.
La première partie du livre est consacrée aux violences numériques ordinaires en contexte professionnel. À travers quatre chapitres, Aurélie Laborde s’appuie sur plusieurs travaux de recherche menés depuis une quinzaine d’années sur les transformations des relations professionnelles relatives à l’équipement numérique du ...
L’ouvrage Intelligence artificielle, culture et média co-dirigé par Véronique Guèvremont et Colette Brin répond à un triple défi : dresser un panorama des connaissances scientifiques en matière d’intelligence artificielle au sein des champs culturels et médiatiques, saisir la perception et l’usage de l’IA par les acteurs·rices culturels et médiatiques, et ce tout en tenant compte de la jeunesse du phénomène et de la place de l’expérimentation. La publication de cet ouvrage s’inscrit dans les travaux de l’Observatoire international sur les impacts sociétaux de l’intelligence artificielle et du numérique (Obvia) qui réunit 240 chercheur·ses au Québec et à l’international. L’émergence de l’IA a d’abord été perçue comme une menace planant sur les médias et les productions culturelles, une source de destruction de l’activité humaine. Cependant, les contributions des auteur·rices de cet ouvrage attestent que la perception et l’usage de l’IA ont évolué et que l’IA est aujourd’hui progressi...
Dans son ouvrage Des cultures à l’interculturation. Penser le changement culturel médiatisé à l’ère de la mondialisation paru aux éditions de l’Université de Lorraine en 2023 et en accès libre sur le site de l’éditeur, Alexander Frame revient sur une notion clé et un « champ disciplinaire en crise » (p. 132) dans le domaine des Sciences de l’Information et de la Communication : la communication interculturelle. En effet, il propose un modèle heuristique pour penser le processus d’interculturation à l’heure de la mondialisation à travers une approche sémiopragmatique, socio-constructionniste, interprétiviste, praxéologique et phénoménologique (p. 17). Ce modèle est structuré autour de trois niveaux d'analyse : micro-, méso- et macro-sociologique, et a pour objectif de dépasser les approches traditionnelles comparatives et essentialistes, héritées des travaux de E. Hall et G. Hofstede, qui perçoivent les cultures de manière figée et tendent à les enfermer dans des stéréotypes rigides....
Dans son nouveau livre, Jean Davallon fournit une analyse communicationnelle des processus de patrimonialisation, c'est-à-dire de la création et de la genèse du patrimoine. La patrimonialisation est une dynamique socio-culturelle ou politique par laquelle un lieu, un objet, une espèce ou une pratique se transforment en éléments patrimoniaux dignes de préservation et de restauration. Dans cet ouvrage, la notion de patrimoine est présentée comme une catégorie pratique comprenant divers éléments tels que les objets matériels et les processus sociaux. La patrimonialisation est, quant à elle, désignée comme un concept intégrant un processus.
La « filiation inversée », dans le contexte du patrimoine, désigne un concept où les relations d'influence ou de transmission se produisent dans un sens inverse de la norme. Au lieu que les générations plus anciennes transmettent leurs valeurs et savoirs aux plus jeunes, ce sont ces dernières qui influencent les premières.
Le patrimoine est plus qu'un ...
Dans le paysage audiovisuel français, le groupe télévisuel franco-allemand ARTE s'est très tôt impliqué dans le développement et le soutien de contenus numériques « innovants ». Dans cette contribution, nous proposons d’analyser cinq des dix productions en VR/360° composant la collection ARTE Trips sur l’histoire de l’art. Nous interrogeons notamment le rapport aux œuvres initiales que ces dispositifs proposent en termes tant de promesse expérientielle que du type de médiations encadrant la rencontre avec les œuvres.
Les travaux de recherche en sciences humaines et sociales, et plus spécifiquement en sciences de l’information et de la communication (SIC), s’emparent depuis de nombreuses années des questionnements relatifs à la place du « numérique » dans la société. Cette substantivisation, propre à la langue française (Moatti, 2012), tend à rendre compte d’une convergence d’usages de techniques numériques dans des champs d’application très divers. Elle est ainsi reprise par Milad Doueihi lorsqu’il se propose de répondre à la question : « Qu’est-ce que le numérique ? », envisageant ce dernier comme une rupture, une transformation des rapports à la culture et à l’information (Doueihi, 2013). L’expression « numérique culturel », fréquemment employée dans les discours politiques promouvant l’usage des outils numériques dans les politiques culturelles traduit ainsi, dans un mouvement similaire, une forme d’essentialisation de pratiques diversifiées (archivage, création artistique, documentation, etc...
Cet article explore le potentiel d’un dispositif à 360° pour documenter l’exposition permanente du Palais des Beaux-Arts de Lille et offrir un accès numérique aux peintures exposées, en les reliant à d’autres documents fonctionnant comme autant de paratextes (à propos d’une œuvre) et d’intertextes (d’autres œuvres). Nous considérerons ce dispositif à 360° comme un moyen de réduire et d’interroger les frontières entre l’œuvre d’art et ces autres documents. Un des enjeux consistera à problématiser les différentes formes d’implémentation et de (re)médiation des peintures dans le musée lui-même et en contexte numérique, notamment sous l’angle de leurs dimensions matérielles et symboliques.
Après avoir exploré les dynamiques temporelles de la campagne présidentielle numérique de 2017 sur Facebook pour cinq candidat·es (Benoît Hamon, François Fillon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon), cette étude se penche sur leurs ethos et rhétoriques respectifs. Elle met en lumière l'absence d'uniformisation dans leurs stratégies électorales. Les pages des candidat·es reflètent de manière inégale leurs actions sur le terrain ou leurs apparitions médiatiques. La communication numérique, tout en valorisant leur programme ou leur personnalité, contribue également à diffuser une publicité négative. Les efforts de mobilisation prennent des formes variées, mais leur importance diffère selon les candidat·es.
Les nouvelles technologies numériques sont mobilisées pour faciliter l’accès aux biens culturels matériels, notamment à travers des expérimentations d’applications comme guide touristique et accès aux services de visite patrimoniale. Certaines innovent dans la mise en interface des publics avec les objets culturels via la fabrication de nouvelles images. Est ici étudié le projet Sésame, pour comprendre l’articulation entre la visite physique (expérience authentique), la (ré-)appropriation d’une identité visuelle et les enjeux liés aux technologies numériques. Les substituts visuels proposés de différents projets questionnent la capacité d’une stratégie de communication principale à activer une réelle expérience de visite distanciée.